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Lycée François Cevert, Ecully
"Arsiké ou le grand voyage
de Moussa Diallo"

Il est temps que je vous raconte... 

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Je m’appelle Moussa Diallo. Je suis né le 31 décembre 1999 en Guinée. C’est en Afrique. Je le précise parce que dans ma classe du lycée d’Ecully à la sortie de Lyon où je me forme en Logistique, beaucoup d’élèves ne savent pas où est l’Afrique, la Guinée...

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Quand la prof leur demande de dessiner sur une feuille une carte du monde, par exemple, ils ne savent pas quoi faire, même pas dire où se trouve la mer Méditerranée, l’océan Atlantique et le Pacifique. Je me demande s’ils savent où est la France. C’est curieux. Le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest, ils ne connaissent pas.

 

C’est sûr ! Ils ne connaissent pas le désert ! Ils ne l’ont jamais traversé comme moi quand j’étais dans le désert du Sahara entre Gao et la frontière algérienne, La, en pleine nuit, sans rien autour . Que des ombres, du sable, encore du sable, à perte de vue, et la voie lactée au-dessus, où je me perds, tellement elle est immense.

 

Par contre, tous les élèves Africains savent où se trouve l’Afrique. Chacun sait dessiner les terres et les mers qu’ils ont traversées pour arriver au lycée qui est coincé entre l’autoroute A6, le restaurant Courte-paille et le quartier de la Duchère avec ses barres et ses grues qui surveillent l’horizon comme si une attaque se préparait. Les élèves Africains qui arrivent du Congo, Mali, Cameroun, Guinée... ont l’expérience des frontières. ASSER  J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen. ( 4 fois)

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Si j’aime mon pays ? Bien sûr que je l’aime. C’est ma patrie. Celle de mes ancêtres. Pour l’instant, j’habite en France, mais c’est là-bas que je vais finir ma vie. J’étais un migrant clandestin, maintenant je suis un lycéen en France. Mais je n’ai pas à me plaindre. Ma vie avance dans le bon sens. Mon avenir aussi.

 

Je suis né le 31 décembre 1999. Le dernier jour de l’année et du millénaire. Ça ne me fait pas peur. Je pense même que ça porte bonheur. Le grand voyage que j’ai fait depuis mon village de PILIMINI le montre. Dans mon pays, la chance se dit : ARSIKÉ

 

On me dit que j’ai eu du courage de faire ce voyage impossible. Je ne crois pas. J’ai fait ce que j’avais à faire pour essayer de sauver ma famille, c’est tout. Mon père m’a missionné, comme on dit chez nous. ARSIKÉ aime ceux qui n’ont pas peur, et moi j’ai décidé un jour de quitter mon pays, mon village, ma famille et mon bel oranger sous lequel j’aimais me coucher en été.

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Je suis un Africain. Est-ce que je vais le payer toute ma vie ? jusqu’à la fin ? Viens me chercher. J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen.

 

J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen ( 2 fois)

 

Le jour où j’ai quitté le village, c’était un jeudi. Je me souviens très bien, parce que mon père a dit que c’était un bon jour pour partir. C’était il n’y a pas si longtemps.. Au mois de novembre je crois, mais je ne me souviens pas du jour exact, le 5, le 12, le 19 ou le jeudi 26. Je ne sais pas. C’est comme les degrés, chez nous on ne compte pas : il fait 20°, 35°, 40° on ne sait pas, on ne regarde pas la météo. En tout cas je suis parti un jeudi de Novembre

 

Après dix mille kilomètres parcourus, je débarque à Lyon. A la gare de la Part-Dieu, j’ai déjà le vertige, je ne sais même pas par où sortir. Il y a des gens de partout qui courent aussi après le temps, des bus, des trams, de grands magasins. tout est propre et bien rangé dans les rues et les places... Je rencontre un jeune de Réseau Education Sans Frontière, je lui raconte mon histoire. Il m’héberge chez lui quelques temps, puis il m’emmène dans une réunion pour expliquer aux autres mon parcours. Ce sont ces gens de RESF qui s’occupent de moi, me cherchent des solutions, me logent et me nourrissent. Ça me change de tous les animaux sauvages du désert, sans coeur, que j’ai croisés et qui ne pensent qu’à soutirer l’argent des migrants, et les esclavagistes de Libye qui me traitaient comme de la marchandise et me frappaient au visage. J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen. On m’a inscrit au lycée François Cévert. J’y suis toujours. Depuis un an, j’attends, j’attends. Pour les migrants sans papier comme moi, quelque chose doit se passer. je suis à un croisement. J’attends ARSIKÉ : viens me chercher. Pendant que le dernier trio donne son mantra, Tout ceux qui ont parlé le rejoint OUMAR : J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen.

 

J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen.

J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen. 

J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen.

J’étais un migrant clandestin, je suis devenu un lycéen.

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